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Des articles de fond sur l'Anthropocène

Quand a commencé l'Anthropocène ?

Henri Cuny - 29/08/2023

Une brève histoire de l'Anthropocène

Après avoir abordé la question primordiale — Qu’est-ce que l’Anthropocène ? — sous toutes les coutures dans un premier article en 4 parties, nous nous intéresserons ici à la temporalité de l’Anthropocène en posant la question suivante : quand a commencé l’Anthropocène ? Une question à la réponse simple… ou plus complexe, selon la définition choisie de l’Anthropocène.

Le début de l’Anthropocène serait assez simple à déterminer si l’on considère l’Anthropocène comme proposition d’une nouvelle époque géologique : il se situerait au milieu du 20e siècle, moment qui coïncide avec plusieurs évènements (essais nucléaires, production de plastique…) à même de laisser des signaux distinctifs dans les sédiments à l’échelle globale, pouvant ainsi délimiter une couche géologique spécifique à l’Anthropocène.

Cependant, l’homme n’a pas attendu d'inventer la bombe nucléaire et le plastique pour modifier la surface terrestre à grande échelle. Dès lors que l'on considère l'Anthropocène dans son acception plus générale, c’est-à-dire comme l’époque durant laquelle l’homme influence significativement la surface terrestre, dresser sa chronologie est plus complexe et implique de remonter très loin dans notre passé. Dans cet article, je vous invite à un voyage dans le temps afin de mieux comprendre la temporalité de l’Anthropocène.

L’époque géologique Anthropocène commencerait au milieu du 20e siècle

Comme nous l’avons vu dans un autre article, l’Anthropocène est défini scientifiquement comme la proposition d’une nouvelle époque géologique. Il convient donc d’emblée de préciser que l’Anthropocène n’ayant pas été reconnu officiellement comme nouvelle époque géologique, il n’a pas de début déterminé.

La recherche du "clou d’or" (c’est à dire du marqueur de référence enregistré dans les roches sédimentaires et qui permettrait de délimiter l’Anthropocène) a permis d'identifier deux indicateurs importants : 1) les débris nucléaires et 2) les microplastiques.

Ces deux indicateurs seraient visibles sur toute la surface terrestre et permettraient de distinguer une strate géologique justifiant une reconnaissance officielle de l’Anthropocène [1]–[3]. En ce cas, la date de début de l’Anthropocène se situerait vers 1950, c’est-à-dire au commencement des essais nucléaires et de la production industrielle de plastique.

Cette date correspond plus généralement à la hausse soudaine et considérable - la "grande accélération" - de divers indicateurs comme la taille de la population humaine, la consommation de ressources naturelles, la production de biens matériels, l’épandage de pesticides ou l’émission de gaz à effet de serre.

L'homme transforme la planète avant l'invention de la bombe nucléaire et du plastique

Si le milieu du 20e siècle coïncide avec un soudain accroissement de l'impact de l'activité humaine sur la Terre, l'étude de l'histoire démontre cependant que l'homme a commencé à modifier la surface planétaire bien avant qu'il ne produise des milliards de tonnes de plastique et ne fasse exploser ses engins nucléaires.

Entre 300 000 ans (date supposée d’apparition de notre espèce [4]) et 100 000 ans avant notre ère, l'homme aurait été un animal parmi les autres, n’ayant en aucun cas la capacité de bouleverser les systèmes planétaires [5]. C'est au cours des 100 000 années suivantes que l'homme va passer du statut d’animal faisant partie intégrante des écosystèmes à celui de super-prédateur régnant sans partage sur Terre.

De l’analyse des 100 000 dernières années, on peut faire ressortir trois évènements clés qui ont successivement contribué à accroître de façon décisive l’influence de notre espèce sur la surface planétaire : la révolution cognitive (il y a au moins 70 000 ans), la révolution agricole (il y a au moins 12 000 ans) et la révolution industrielle (il y a 200 ans).

Le terme de « révolution » employé peut être trompeur et il convient de garder en tête que ces évènements ne sont pas nécessairement soudains et définitifs. Par exemple, la révolution agricole a débuté il y a environ 12 000 ans, mais tous les chasseurs-cueilleurs ne sont pas soudainement devenus agriculteurs : les deux états ont longtemps coexisté (et coexistent d’ailleurs encore !) et certaines populations pouvaient successivement passer de l’un à l’autre.

À partir d'environ 50 000 ans avant notre ère commence un épisode spectaculaire de disparition des gros animaux, connu comme l’extinction du Pléistocène (du nom de l’époque géologique correspondante) ou extinction de la fin du Quaternaire (du nom de l’ère géologique) [6]–[8].

Si diverses causes de cette extinction (changement climatique, chute d’un astéroïde, activité volcanique, influence humaine…) ont été débattues dans le milieu scientifique (voir par exemple [6], [9]–[11]), l’influence prépondérante de l’homme (par surprédation et modification des habitats) sur cette extinction ne fait plus guère de doutes [12]–[16].

Plusieurs éléments vont dans le sens de cette conclusion, dont les deux suivants : le premier, le plus frappant, est que la disparition des gros animaux coïncide très clairement avec la colonisation des terres par Homo sapiens ; le second est que l’extinction a concerné sélectivement les gros mammifères, alors que d'autres causes (changement climatique, chute d’astéroïde, intense activité volcanique…) auraient probablement été moins sélectives.

Entre 50 000 et 10 000 ans avant notre ère, nos ancêtres auraient ainsi contribué à la disparition de plus de la moitié des gros animaux de cette planète ! La disparition de gros herbivores a largement affecté la couverture végétale et ainsi entrainé une modification à large échelle de la surface planétaire [17].

La colonisation des terres par Homo sapiens et l’extinction du Pléistocène succéderaient à un évènement crucial de notre histoire que Yuval Noah Harari appelle la révolution cognitive [5]. Au cours de cet évènement, débuté il y a au moins 70 000 ans, les humains Homo sapiens auraient développés leurs capacités d’abstraction du réel par l’invention et le partage de fictions.

La révolution cognitive a contribué à pourvoir les humains de deux traits essentiels : 1) la possibilité d’adopter une grande variété de comportements et 2) la faculté de coopérer en masse. Ces caractéristiques sont peut-être l’origine de notre pouvoir inégalé de transformation (et donc de destruction) de la surface planétaire. Par exemple, l’adoption d’une grande variété de comportements et la coopération de masse sont favorables au développement de techniques de chasse élaborées, et donc à une prédation féroce. On serait alors tenté de voir dans la révolution cognitive l’acte de naissance du super-prédateur Homo sapiens [18].

Chronologie de l'Anthropocène

Il y a au moins 70 000 ans, la révolution cognitive : Sapiens devient tyran ?

Peinture rupestre d'aurochs dans la grotte de Lascaux (-20 000 ans environ)
Peinture rupestre d'aurochs dans la grotte de Lascaux (-20 000 ans environ)

Après la révolution cognitive, la révolution agricole est sûrement un second évènement crucial de notre histoire pour comprendre l’Anthropocène, tant l’impact de l’agriculture sur la surface planétaire est majeur.

Les premiers foyers agricoles, datés d’environ 10 000 ans avant Jésus Christ (av. J.-C.), sont trouvés en Mésopotamie, et la domestication des trois céréales les plus cultivées encore aujourd’hui remonterait à plusieurs milliers d’années avant notre ère [19]. Le blé aurait été domestiqué il y a plus de 10 000 ans au Proche Orient, le maïs il y a 9 000 ans en Amérique Centrale, et le riz il y a 9 000 ans en Chine [19]. L’expansion ultérieure de la riziculture pourrait d’ailleurs expliquer la hausse de méthane atmosphérique constatée vers 5 000 av. J.-C. [20].

Outre l’émission de méthane, le développement de l’agriculture a eu une influence majeure sur la surface planétaire en changeant l’utilisation du sol à large échelle, notamment par le remplacement des forêts par des champs agricoles.

En France, la déforestation commence déjà plusieurs milliers d’années avant notre ère en lien avec l’expansion des surfaces agricoles [21]. Les défrichements se poursuivront au cours des siècles, jusqu’à l’atteinte d’un minimum forestier au début du 19e siècle. À partir du milieu du 19e siècle, l’intensification de l’agriculture liée à l’arrivée des ressources fossiles (qui vont permettre la mécanisation des pratiques et la production d’intrants de synthèse) va diminuer la surface nécessaire à la production alimentaire et inverser la tendance vers une recolonisation forestière.

L’agriculture fournit donc de nouvelles illustrations claires que notre espèce a influencé son environnement à l’échelle globale des milliers d’années avant notre ère.

Un autre aspect crucial lié à l’agriculture tient dans la représentation que l’homme se fait de la nature. La sédentarisation et la domestication vont en effet de pair avec l’établissement de frontières nettes entre le monde humain et le monde extérieur et impliquent un renversement total dans la relation homme-nature : ce n’est plus l’homme qui s’adapte à la nature, mais la nature qui s’adapte à l’homme. Une logique qui peut très rapidement vous faire entrer dans une relation de guerre avec la nature ; quiconque s'essaie au potager avec des limaces un peu gourmandes comprendra facilement là où je veux en venir.

Il y a 12 000 ans, la révolution agricole : Sapiens aménage la surface terrestre

Champs de blé après la pluie ; tableau de Vincent Van Gogh (1890)
Champs de blé après la pluie ; tableau de Vincent Van Gogh (1890)

Paul Crutzen a proposé la date de la commercialisation de la machine à vapeur (fin du 18e siècle) comme point de départ de l’Anthropocène [22], car cet évènement symbolise le début de cette phase appelée révolution industrielle, qui va avoir des répercussions considérables sur la surface planétaire.

Si la machine à vapeur est commercialisée dès la fin du 18e siècle, ce n’est qu’à partir du milieu du 19e que les choses vont réellement s’accélérer avec l’exploitation industrielle de nouvelles sources d’énergie : les combustibles fossiles. Pour le charbon, une exploitation massive se met en place dès le milieu du 19e siècle, tandis que pétrole et gaz attendront plutôt le tout début du 20e siècle. Parce que ce sont des sources d’énergie très concentrées, facilement transportables et stockables, les combustibles fossiles vont décupler le pouvoir de transformation des humains.

Ainsi, la révolution industrielle est peut-être avant tout une révolution de l’énergie. Alors que la biomasse (notamment le bois) était depuis des millénaires la source essentielle d’énergie de l’humanité, les combustibles fossiles vont s’y ajouter et permettre d’animer des machines de plus en plus nombreuses et puissantes. Notons bien que la transition énergétique est un mythe : les combustibles fossiles ne vont pas remplacer la biomasse, mais bien s’y ajouter, comme le montre très clairement le graphique de la consommation énergétique globale par source.

L’exploitation massive du pétrole, du gaz et du charbon va avoir des effets spectaculaires et permettre la "grande accélération", qui commence dès 1850 (voire un peu avant) mais prend tout particulièrement place après la Seconde Guerre mondiale, moment à partir duquel la population humaine, les émissions de gaz à effet de serre, la production de biens et la consommation de diverses ressources naturelles connaissent une hausse sans précédent.

L’industrialisation du monde consistant à convertir toujours plus de ressources naturelles en biens et services consommables par l’homme, elle va aller de pair avec l’extractivisme, c’est-à-dire l’exploitation industrielle de la nature. Plantes, animaux, roche, sable, minerais, eau... Toutes les composantes de la surface terrestre deviennent concernées par l'extractivisme. L'homme se met à dévorer la surface de la Terre !

Il y a 200 ans, la révolution industrielle : Sapiens dévore la Terre

Gare et usines à Saint-Denis ; tableau de Maurice Falliès (début 20e siècle)
Gare et usines à Saint-Denis ; tableau de Maurice Falliès (début 20e siècle)

Bilan du voyage

Frise chronologique de l'Anthropocène, depuis la naissance d'Homo sapiens à aujourd'hui
Frise chronologique de l'Anthropocène, depuis la naissance d'Homo sapiens à aujourd'hui

La figure ci-dessous, inspirée d’une figure de l’Atlas historique de la Terre [19], retrace le parcours d’Homo sapiens depuis sa naissance il y a quelque 300 000 ans, en faisant figurer les évènements majeurs décrits ci-dessus ainsi que quelques autres évènements qui ont aussi joué un rôle significatif dans l’avènement de l’Anthropocène :

Cette figure le montre bien : l’Anthropocène ne dérive pas uniquement d’une rupture brutale et récente dans notre histoire, mais est aussi à voir comme le fruit d’un long cheminement émaillé de divers évènements successifs, qui ont tous significativement contribué à forger ce que nous sommes et à générer le monde que nous connaissons aujourd’hui.

Bien sûr, la chronologie retracée dans cet article est très synthétique et simplificatrice ; il est probablement possible de lister des dizaines d’autres évènements qui ont contribué significativement à la mise en place de l’Anthropocène. Des évènements présents ou futurs vont également avoir une influence cruciale. La révolution technologique notamment – à l’œuvre depuis le milieu du 20e siècle environ et très liée à la révolution industrielle/énergétique – joue déjà un rôle majeur sur l’Anthropocène, puisqu’elle pourrait en fixer le point de départ (via les retombées des essais nucléaires notamment) et accroit de manière colossale notre impact sur cette planète. Nul doute que nous sommes encore loin d'avoir épuisé tous les moyens à notre disposition pour altérer la surface planétaire !

Références

[1] M. Subramanian, « Anthropocene now: influential panel votes to recognize Earth’s new epoch », Nature, 2019. https://www.nature.com/articles/d41586-019-01641-5

[2] « Working Group on the ‘Anthropocene’ | Subcommission on Quaternary Stratigraphy ». http://quaternary.stratigraphy.org/working-groups/anthropocene/

[3] J. Zalasiewicz et al., « The geological cycle of plastics and their use as a stratigraphic indicator of the Anthropocene », Anthropocene, vol. 13, p. 4‑17, mars 2016. https://doi.org/10.1016/j.ancene.2016.01.002

[4] D. Richter et al., « The age of the hominin fossils from Jebel Irhoud, Morocco, and the origins of the Middle Stone Age », Nature, vol. 546, no 7657, p. 293‑296, 2017. https://www.nature.com/articles/nature22335

[5] Y. N. Harari, Sapiens: Une brève histoire de l’humanité. Albin Michel, 2015.

[6] E. D. Lorenzen et al., « Species-specific responses of Late Quaternary megafauna to climate and humans », Nature, vol. 479, no 7373, p. 359‑364, 2011. https://www.nature.com/articles/nature10574

[7] A. J. Stuart et A. M. Lister, « Extinction chronology of the woolly rhinoceros Coelodonta antiquitatis in the context of late Quaternary megafaunal extinctions in northern Eurasia », Quat. Sci. Rev., vol. 51, p. 1‑17, 2012. https://doi.org/10.1016/j.quascirev.2012.06.007

[8] D. Pushkina et P. Raia, « Human influence on distribution and extinctions of the late Pleistocene Eurasian megafauna », J. Hum. Evol., vol. 54, no 6, p. 769‑782, 2008. https://doi.org/10.1016/j.jhevol.2007.09.024

[9] J. M. Broughton et E. M. Weitzel, « Population reconstructions for humans and megafauna suggest mixed causes for North American Pleistocene extinctions », Nat. Commun., vol. 9, no 1, p. 1‑12, 2018. https://www.nature.com/articles/s41467-018-07897-1

[10] R. B. Firestone et al., « Evidence for an extraterrestrial impact 12,900 years ago that contributed to the megafaunal extinctions and the Younger Dryas cooling », Proc. Natl. Acad. Sci., vol. 104, no 41, p. 16016‑16021, 2007. https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.0706977104

[11] A. D. Barnosky, P. L. Koch, R. S. Feranec, S. L. Wing, et A. B. Shabel, « Assessing the causes of late Pleistocene extinctions on the continents », Science, vol. 306, no 5693, p. 70‑75, 2004. https://www.science.org/doi/10.1126/science.1101476

[12] M. E. Allentoft et al., « Extinct New Zealand megafauna were not in decline before human colonization », Proc. Natl. Acad. Sci., vol. 111, no 13, p. 4922‑4927, 2014. https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.1314972111

[13] G. Haynes, « North American megafauna extinction: Climate or overhunting », Encycl. Glob. Archaeol. N. Y. Springer, p. 5382‑5390, 2016. https://doi.org/10.1007/978-1-4419-0465-2_1853

[14] H. Ritchie, « Did humans cause the Quaternary Megafauna Extinction? », Our World in Data, 2022. https://ourworldindata.org/quaternary-megafauna-extinction

[15] S. Van Der Kaars et al., « Humans rather than climate the primary cause of Pleistocene megafaunal extinction in Australia », Nat. Commun., vol. 8, no 1, p. 1‑7, 2017. https://www.nature.com/articles/ncomms14142

[16] F. Saltré et al., « Climate change not to blame for late Quaternary megafauna extinctions in Australia », Nat. Commun., vol. 7, no 1, p. 1‑7, 2016. https://www.nature.com/articles/ncomms10511

[17] S. Rule, B. W. Brook, S. G. Haberle, C. S. Turney, A. P. Kershaw, et C. N. Johnson, « The aftermath of megafaunal extinction: ecosystem transformation in Pleistocene Australia », Science, vol. 335, no 6075, p. 1483‑1486, 2012. https://www.science.org/doi/10.1126/science.1214261

[18] H. Cuny, Le bon, la brute et le tyran - Ce que l’Anthropocène dit de nous. Maïa, 2023.

[19] C. Grataloup, Atlas historique de la Terre. Les Arènes, 2022.

[20] W. F. Ruddiman, Z. Guo, X. Zhou, H. Wu, et Y. Yu, « Early rice farming and anomalous methane trends », Quat. Sci. Rev., vol. 27, no 13, p. 1291‑1295, juill. 2008. https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0277379108000760

[21] Y. Birot, « Les forêts et les hommes : quelles co-évolutions ? », in La Forêt et le Bois en France en 100 questions, 2015. https://www.academie-foret-bois.fr/chapitres/chapitre-1/fiche-1-05/

[22] Wikipédia, « Paul Josef Crutzen », Wikipédia. https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Paul_Josef_Crutzen&oldid=200757382

Conclusion

Le milieu du 20e siècle apparait comme un point de départ de l'Anthropocène particulièrement convaincant, ce moment étant effectivement caractérisé par des changements brutaux (la grande accélération) et des évènements (essais nucléaires, production de plastique) à même de laisser une signature à large échelle dans les roches sédimentaires.

La chronologie relatée dans cet article montre cependant que les humains ont modifié la surface planétaire bien avant le milieu du 20e siècle : extinction de la mégafaune par surprédation et destruction des habitats à partir de 50 000 ans av. J.-C., développement des surfaces agricoles au détriment des forêts à partir de 10 000 av. J.-C., exploitation industrielle de la nature à partir de 1850 ne sont que quelques exemples d’impacts significatifs globaux de l’activité humaine antérieurs. Il est donc finalement difficile de déterminer un début à l’Anthropocène, qui, en dépit de la grande accélération depuis 1950, peut aussi être vu comme le résultat d’un long processus plutôt que comme une soudaine rupture dans l'histoire de notre espèce.

Henri Cuny