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Des articles de fond sur l'Anthropocène
Quels sont les indicateurs de l’Anthropocène ?
À la découverte du tableau de bord de notre époque et de ce qu'il révèle : la grande accélération
La profusion des indicateurs est une caractéristique notable de notre époque. À l’heure de "big data", tout peut (et doit) être mesuré et enregistré. La quantité et la qualité de votre sommeil, vos apports et vos dépenses caloriques, votre nombre de pas quotidien, les performances de votre entreprise… L’Anthropocène n’échappe pas à la mode des indicateurs et il a même été développé un "tableau de bord planétaire" (ou "tableau de bord de l’Anthropocène") qui permet de suivre certains aspects cruciaux des trajectoires de l’activité humaine et de la Terre.
Qu'est-ce que le tableau de bord de l'Anthropocène ?
Le Programme international géosphère-biosphère (IGBP pour International Geosphere-Biosphere Programme) a été mené de 1987 à 2015 afin d’étudier les changements globaux (http://www.igbp.net/). Dans le cadre de ce programme de recherche, 24 indicateurs ont été définis pour décrire les trajectoires de l’activité humaine et de la planète au cours des derniers siècles. Ces 24 indicateurs fournissent ainsi un diagnostic détaillé de notre époque et forment un tableau de bord de l’Anthropocène.
Les 24 indicateurs ont été publiés pour la première fois dans la synthèse de l’IGBP en 2004, avant d’être mis à jour dans une publication scientifique parue en 2015 [1]. Ils sont consultables sur le site de l’IGBP [2]. Les indicateurs sont divisés en 2 grands groupes : 12 indicateurs pour décrire les tendances socio-économiques et 12 indicateurs pour décrire les tendances du système Terre.
Tous les indicateurs sont présentés sur une période courant de 1750 à 2010. Ils permettent ainsi de retracer l’évolution de l'activité humaine depuis le début de la révolution industrielle et les changements qui en découlent dans les systèmes terrestres.
Pour la plupart des indicateurs, une inflexion nette est observée à partir de 1950, date du début de la "grande accélération". Ainsi, le tableau de bord est connu pour présenter les graphiques de la "grande accélération". Surtout, le tableau de bord met en évidence ce qui est une composante essentielle de l’Anthropocène : la trajectoire de la Terre est désormais étroitement liée à celle de l'humanité.
Les tendances socio-économiques
Les 12 indicateurs des tendances socio-économiques visent à refléter les principales caractéristiques de la société contemporaine : notamment la démographie, l’activité économique, l’utilisation des ressources, l’urbanisation, la mondialisation, le transport et la communication.
Figure 1 : Graphiques des 12 indicateurs des tendances socio-économiques du tableau de bord de l’Anthropocène. Source des données : IGBP (http://www.igbp.net/news/pressreleases/pressreleases/planetarydashboardshowsgreataccelerationinhumanactivitysince1950.5.950c2fa1495db7081eb42.html).
Dans l’ensemble, les 12 indicateurs socio-économiques montrent une même tendance : une croissance impressionnante sur la période étudiée (1750-2010), avec notamment une accélération fulgurante à la sortie de la Seconde Guerre mondiale (1950, début de la grande accélération). Cette évolution est sans précédent dans toute l’histoire de l’humanité. Par exemple, pour la population ou le PIB, la hausse connue depuis un peu plus d’un demi-siècle est si forte qu’elle tend à écraser toutes les variations précédentes.
La hausse de l’activité humaine, telle que mesurée par la croissance démographique et économique, va de pair avec une hausse constante de la consommation d’énergie, et notamment d’énergie issue des ressources fossiles, ces-dernières constituant le socle de notre civilisation thermo-industrielle.
La combinaison des investissements directs étrangers, du tourisme international et des télécommunications donne une idée du degré de mondialisation et de connectivité qui augmente considérablement depuis quelques décennies. Certains indicateurs décrivent des phénomènes qui n’existaient tout simplement pas il y a de cela moins d’un siècle et pour lesquels l’évolution récente est particulièrement marquante. Par exemple, les véhicules motorisés, les téléphones ou le tourisme international étaient peu communs avant 1950, avant de connaitre une croissance brutale. Cette élévation des flux de personnes et de données est totalement liée à une utilisation accrue d’énergie (fossile).
Les tendances du système Terre
Les 12 indicateurs des tendances du système Terre permettent de suivre l'évolution de caractéristiques essentielles de la structure et du fonctionnement de la planète, qui sont largement influencées par l’activité humaine : par exemple la composition de l'atmosphère (niveau des gaz à effet de serre), l’épaisseur de la couche d’ozone, le système climatique (température à la surface du globe), les cycles biogéochimiques (eau, azote), les écosystèmes marins (degré d’acidification des océans) et terrestres (surfaces agricoles et de forêts tropicales), et la biodiversité.
Figure 2 : Graphiques des 12 indicateurs des tendances du système Terre du tableau de bord de l’Anthropocène. Source des données : IGBP (http://www.igbp.net/news/pressreleases/pressreleases/planetarydashboardshowsgreataccelerationinhumanactivitysince1950.5.950c2fa1495db7081eb42.html).
Comme les 12 indicateurs socio-économiques, auxquels ils sont liés, les 12 indicateurs du système Terre témoignent dans l’ensemble d’une forte croissance sur la période étudiée et mettent en exergue la grande accélération à partir de 1950 : la teneur en gaz à effet de serre de l’atmosphère, la température à la surface du globe, l’acidification de l’océan, la production de crevettes (un proxy de l’anthropisation des zones côtières), les flux d’azote vers l’océan, la perte de forêt tropicale ou la dégradation de la biosphère sont tous en très nette augmentation sur la période.
Quelques divergences notables à cette tendance globale peuvent néanmoins être relevées. Par exemple, ces dernières années, les quantités de poissons pêchés dans leur milieu naturel ont diminué en raison de l'épuisement des stocks mondiaux de poissons, mais cette baisse a été compensée par une très forte augmentation de la pisciculture [3].
Du côté des surfaces agricoles, la hausse est plutôt modérée depuis 1950, alors même que la période est caractérisée par une explosion démographique. En fait, la hausse des surfaces agricoles a été atténuée par l’intensification de l’agriculture, qui permet de produire plus de nourriture sur moins de surface. Cet effet positif de l’agriculture intensive s’accompagne cependant de deux terribles inconvénients : 1) un recours massifs aux engrais qui bouleversent le cycle de l’azote et génèrent de puissants gaz à effet de serre (le protoxyde d’azote, N2O) et 2) un usage immodéré de pesticides qui contribuent à la dégradation des milieux et à la sixième extinction massive de la vie sur Terre.
Enfin pour ce qui est de la couche d’ozone, on observe, suite à des décennies de réduction, une stabilisation voire un regain sur la période récente. Cette dynamique résulte de la prise de mesures (adhésion "universelle" au protocole de Montréal) qui ont permis de réduire l’émission des composés chimiques (chlorofluorocarbures, halons…) responsables de la destruction de l’ozone stratosphérique [4].
Notons que si le problème de la destruction de la couche d’ozone semble en voie de résolution, c’est certes grâce à l’adoption générale de mesures appropriées, mais aussi en raison de l’instabilité des composés responsables : ces derniers disparaissent rapidement de l’atmosphère dès lors que l’on arrête d’en émettre. Par contraste, un gaz comme le CO2 est particulièrement stable et a donc un temps de résidence très élevé dans l’atmosphère. Ce qui veut dire que, contrairement à ce que certains pourraient arguer, la résolution du problème de la couche d’ozone n’est pas un bon exemple pour démontrer que la simple prise de mesures en temps et en heure permettra un retour à la "normale" du climat.
Les tendances globales masquent des divergences importantes
Tous ces indicateurs globaux ne doivent pas faire oublier que certaines tendances peuvent présenter une très forte hétérogénéité dans l’espace, comme cela a été montré et discuté par Steffen et al. [1]. Par exemple pour la population ou le PIB, une très forte de croissance a été observée dans les pays dits "développés" avant 1950, tandis que cette dynamique n’est à l’œuvre que depuis quelques décennies dans les pays dits "en voie de développement", qui ont pris plus tard la sacrosainte voie de la croissance du PIB.
Ce "déphasage" est aussi particulièrement visible au niveau des émissions de gaz à effet de serre (non présentées dans le tableau de bord, mais que vous pouvez visualiser sur ce site), dans lesquelles les pays européens et les États-Unis ont une écrasante responsabilité historique. Mais, alors que les émissions tendent à stagner voire à diminuer dans ces pays, elles s’envolent depuis quelques années dans les pays "en développement", en lien avec une forte croissance économique mais aussi en raison de la production de nombreux biens de consommation à destination des populations des pays "développés", qui ont largement externalisé les désordres environnementaux inhérents à leur mode de vie au fil du temps.
Il existe des myriades d'indicateurs de l'Anthropocène
Les 24 indicateurs du tableau de bord l’Anthropocène sont très complémentaires et offrent déjà un diagnostic très détaillé de notre époque. La mise en parallèle des tendances du système Terre et des tendances socio-économiques souligne notamment la totale interdépendance entre l’évolution de l’humanité et celle de la planète, avec la grande accélération visible à tous les niveaux à partir de 1950.
En théorie, il est possible d’imaginer des centaines d’indicateurs qui montreraient de façon pertinente la grande accélération : par exemple le nombre de restaurants McDonalds (proposé dans la première version de l’IGBP comme proxy de la globalisation économique), le nombre de vidéos consultables sur YouTube, la quantité d’énergie utilisée par l’informatique, les kilomètres de routes bitumées, la quantité de pesticides utilisée... Toutefois, construire des indicateurs implique de disposer de séries de données suffisamment longues, ce qui n’est pas toujours le cas [1].
Sur le site, outre les indicateurs de l’IGBP (que j’ai mis à jour avec les données les plus récentes), je présente un grand nombre d’indicateurs marquants de la grande accélération : espérance de vie, taux de mortalité infantile, part de la population en surpoids, part de la population en situation de pauvreté extrême, part de la population illettrée, productivité, production de plastique, émissions de gaz à effet de serre (en plus de leur concentration dans l’atmosphère), niveau des océans, taux d’extinction des espèces, déclin des populations animales…
J’ai de plus développé une application qui permet de consulter de manière interactive un certain nombre d’indicateurs, en donnant par exemple la possibilité de choisir la plage temporelle ou la région à afficher.
Deux indicateurs phares pour montrer l'hégémonie humaine sur la Terre
Pour finir sur les indicateurs, je vais en mentionner deux qui illustrent particulièrement bien l’écrasante place prise par les humains dans la vie sur Terre. Le premier est la part des humains et de leurs animaux d’élevage dans la biomasse des mammifères. Il y a quelques milliers d’années, avant la naissance de l’agriculture, les humains (qui n’élevaient pas d’animaux) ne représentaient qu’une infime proportion de la biomasse des mammifères [5]. Aujourd’hui, les humains et les animaux qu’ils élèvent représenteraient plus de 96 % de la biomasse des mammifères [6] ! Les miettes restantes (4 % donc) correspondent aux animaux sauvages.
Le second indicateur concerne la masse de ce que l’homme produit par rapport à la masse du vivant. Ainsi, la masse de tout ce que l’activité humaine produit doublerait tous les 20 ans et aurait dépassé en 2020 un seuil symbolique : la biomasse totale de notre planète [7]. Cela signifie que les humains, qui représentent 0,01 % de la biomasse sur Terre [5], produisent désormais à eux-seuls plus que les 99,99 % du reste du vivant ! Pour comparaison, en 1900, la masse de ce que les humains produisaient ne représentait que 3 % de la biomasse planétaire [7].
Le début de la grande accélération marque l'entrée dans l'Anthropocène ?
Le tableau de bord planétaire apporte un éclairage sur deux questions qui sont au cœur des débats sur l’Anthropocène : 1) Les impacts de l’activité humaine sont-ils suffisamment importants pour distinguer l’époque actuelle de l’Holocène ? 2) Et, si oui, quand a commencé l’Anthropocène ?
Comme je l’ai expliqué dans un autre article, l’activité humaine a pu modifier en profondeur et à large échelle certains aspects du système Terre bien avant la révolution industrielle et la grande accélération (par exemple : extinction de la mégafaune du Pléistocène, déforestation…). Néanmoins, l’évolution sidérante de différents indicateurs depuis le milieu du 20e siècle montre clairement que la grande accélération nous a fait entrer dans une autre dimension.
Par exemple, dans les derniers 800 000 ans, la concentration en CO2 dans l'atmosphère n’a jamais dépassé 300 ppm [8]. En 2022, après quelques décennies d’activité industrielle, elle a atteint près de 420 ppm, contre 280 ppm en 1850. En fait, plusieurs aspects du système Terre ont récemment évolué bien au-delà des conditions connues ces dernières dizaines voire centaines de milliers d’années. L’époque actuelle se distingue donc nettement de l’Holocène et 1950, date de début de la grande accélération, constitue un point de départ pertinent pour l’Anthropocène.
Dans leur article de 2015, Steffen et al. abondent en ce sens en concluant que "ce n'est qu'après le milieu du 20e siècle qu'il existe des preuves évidentes de changements fondamentaux dans l'état et le fonctionnement du système terrestre qui dépassent la plage de de variabilité de l'Holocène et sont imputables aux activités humaines. Ainsi, de tous les candidats à un point de départ de l'Anthropocène, le début de la grande accélération est de loin le plus convaincant du point de vue de la science du système terrestre [1]."
Quel avenir pour l'humanité et la Terre ? - Le grand découplage vs le grand effondrement
Les évolutions mises en évidences par le tableau de bord de l’Anthropocène amènent naturellement à la question suivante : quel futur pour l’humanité et la Terre ? On ne peut raisonnablement pas imaginer que les courbes présentées puissent monter à l’infini. Partant de cette logique, Steffen et al. évoquent en conclusion de leur article deux scénarios extrêmes d’évolution : le grand découplage ou le grand effondrement [1].
Le scénario du grand découplage correspond à la grande ambition (la grande illusion ?) partagée actuellement par un grand nombre de personnes (politiques, économistes, pro-technos…) qui ne souhaitent aucunement remettre en cause le développement humain tel que pensé depuis plusieurs siècles. Dans ce scénario, l’activité économique continue de croître, mais cette croissance se fait, oh miracle, sans altération du système Terre. Par exemple, le PIB augmente mais il n’y a plus d’émission de gaz à effet de serre, si bien que le niveau de ces derniers dans l’atmosphère se stabilise. La baguette magique qui permet soudainement de produire-consommer plus tout en polluant moins s’appelle "technologies propres" ou "technologies vertes".
Le scénario du grand effondrement est celui dans lequel le système socio-économique et le système Terre atteignent des seuils critiques les faisant basculer dans des logiques d’effondrements incontrôlés. La théorie de l’effondrement (collapsologie) a été popularisée par des ouvrages récents à grands retentissements populaire et médiatique, en particulier Comment tout peut s’effondrer de Pabo Servigne et Raphaël Stevens [9]. Dans le scénario du grand effondrement, la plupart des indicateurs présentés dans le tableau de bord connaissent une brutale décroissance.
On peut bien sûr imaginer une infinité de possibles entre ces deux extrêmes, avec un métissage entre le découplage et l’effondrement. L’un de ces scénarios métissés pourrait être le suivant : un découplage (soyons fous !) entre croissance économique et émission de gaz à effet de serre, mais pas entre croissance économique et dégradation de la biosphère ; dans ce cas, l’augmentation du PIB se ferait sans élévation du niveau de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, mais avec poursuite de l’effondrement du vivant "non humain" déjà en cours.
Références
[1] W. Steffen, W. Broadgate, L. Deutsch, O. Gaffney, et C. Ludwig, « The trajectory of the Anthropocene: The Great Acceleration », Anthr. Rev., vol. 2, no 1, p. 81‑98, 2015. https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/2053019614564785
[2] IGBP, « Planetary dashboard shows “Great Acceleration” in human activity since 1950 », IGBP. http://www.igbp.net/news/pressreleases/pressreleases/planetarydashboardshowsgreataccelerationinhumanactivitysince1950.5.950c2fa1495db7081eb42.html
[3] FAO, « The state of world fisheries and aquaculture 2022 », 2022. https://www.fao.org/documents/card/en?details=cc0461en
[4] L. M. Polvani et al., « No evidence of worsening Arctic springtime ozone losses over the 21st century », Nat. Commun., vol. 14, no 1, 2023. https://www.nature.com/articles/s41467-023-37134-3
[5] H. Ritchie, « Wild mammals make up only a few percent of the world’s mammals », Our World in Data. https://ourworldindata.org/wild-mammals-birds-biomass
[6] Y. M. Bar-On, R. Phillips, et R. Milo, « The biomass distribution on Earth », Proc. Natl. Acad. Sci., vol. 115, no 25, p. 6506‑6511, 2018. https://www.pnas.org/doi/full/10.1073/pnas.1711842115
[7] E. Elhacham, L. Ben-Uri, J. Grozovski, Y. M. Bar-On, et R. Milo, « Global human-made mass exceeds all living biomass », Nature, p. 1‑3, 2020. https://www.nature.com/articles/s41586-020-3010-5
[8] D. Lüthi et al., « High-resolution carbon dioxide concentration record 650,000–800,000 years before present », Nature, vol. 453, no 7193, 2008. https://www.nature.com/articles/nature06949
[9] P. Servigne et R. Stevens, Comment tout peut s’effondrer. Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes. Seuil, 2015.
Conclusion
Le tableau de bord de l’Anthropocène est un outil très pertinent pour suivre les trajectoires de l’activité humaine et du système Terre, qui sont désormais interdépendantes. Le constat qu’il dresse est sans appel : tous les voyants virent à l’orange, voire au rouge. L’humanité a certes connu des développements spectaculaires au cours des derniers siècles, mais au prix de terribles dommages infligés aux systèmes terrestres.
Il me semble que ce bilan alarmant invite à une profonde réflexion sur notre avenir : souhaitons-nous poursuivre le modèle de développement actuel, c’est-à-dire celui du "toujours plus" ou du "jamais assez", en nous berçant de l’illusion que consommer davantage pourrait désormais se faire sans altérer l’habitabilité de la planète ? Cette obstination n’est-elle pas au contraire un aller simple vers le grand effondrement ? Ne serait-il pas plus raisonnable de remettre en cause notre modèle et de redéfinir ce que nous appelons "développement", afin que ce-dernier constitue réellement un progrès, pour les humains mais aussi pour les "non humains" qui peuplent avec nous cette planète ? L’avenir le dira, mais je n’ai pas du tout l’impression que nous soyons en train de bifurquer vers la voie de la redéfinition d’un horizon collectif...
Henri Cuny