Croissance économique

Définition : La croissance économique désigne l'augmentation de la taille de l'économie, c’est-à-dire de la production de biens et de services, sur une période prolongée ; la croissance économique est en réalité suivie par un indicateur unique, le produit intérieur brut (PIB), qui traduit le volume des flux monétaires, si bien qu'il serait plus précis de parler de croissance du PIB que de croissance économique (ou de croissance tout court, comme on le fait souvent par raccourci).

La croissance économique peut être vue comme un phénomène réel, un principe économique ou une idéologie.

• En tant que phénomène, la croissance économique est en cours depuis quelques décennies, avec une hausse spectaculaire et sans précédent du PIB mondial depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cette croissance soudaine du PIB est pleinement intégrée à la grande accélération, soit la période marquée par la hausse brutale de l'activité humaine, qui s'accompagne d'une aggravation tout aussi brutale de la dégradation de la biosphère. La croissance mondiale du PIB n'a cependant pas été homogène dans l'espace, les pays dits "développés" ayant historiquement connu une hausse beaucoup plus importante que les pays dits "en développement", qui connaissent pour certains une très forte expansion du PIB actuellement.

• En tant que principe économique, la croissance économique constitue "la quête perpétuelle des politiques économiques" et est considérée comme "indispensable pour faire face à bon nombre de problèmes économiques et sociaux, celui du chômage en premier".

• En tant qu'idéologie, la croissance économique (le "croissantisme", i.e. la croyance en la croissance) est la croyance en l’augmentation de la production-consommation comme voie unique et indépassable pour assurer le contentement et le bien-être du plus grand nombre. Il est possible de voir dans cette idéologie un caractère radical, tant l'impérieuse nécessité de la croissance du PIB est martelée, tandis que les critiques (par exemple par les partisans de la décroissance) sont moquées avec force et dédain (il est d'ailleurs surprenant d'entendre régulièrement parler avec mépris de l'idéologie de la décroissance, mais jamais de l'idéologie de la croissance ; surement parce que cette dernière est aujourd'hui particulièrement radicale, et qu'une idéologie radicale est très peu perméable à la critique et bien souvent peu lucide sur sa propre radicalité).

Que ce soit en tant que phénomène, principe économique ou idéologie radicale, la croissance du PIB est récente : la quasi-totalité de l'histoire de l'humanité s'est faite en l'absence de croissance économique, ou avec une croissance économique très faible.

La croissance économique étant en réalité réduite à la croissance du PIB, elle correspond uniquement à l'augmentation des flux monétaires au cours du temps. C'est donc un processus qui devrait être distingué du progrès, qui suppose un mouvement vers quelque chose de mieux. Si la croissance est inséparable du progrès technique, qui est à la base des gains de productivité permettant de produire toujours plus par unité de temps, elle n'est pas garante du progrès social ou de valeurs non mesurables comme le bonheur, la joie, la gaieté, la solidarité, l'amour… Dès 1934, Simon Kuznets, le propre père du PIB, mettait en garde sur les limites d'un projet collectif fondé sur l'augmentation de ce seul indicateur : "Ceux qui demandent plus de croissance devraient préciser leur pensée : plus de croissance de quoi et pour quoi ?" En dépit de cet avertissement, la recherche de la croissance du PIB s'est muée en obsession pour devenir une sorte de nouvelle quête du Graal de l'époque contemporaine.

La croissance économique correspond en définitive à une vision très matérialiste et consumériste, aveugle sur de nombreux angles pourtant absolument essentiels à nos existences, comme l'état de la biosphère, la cohésion sociale, le bien-être des individus (humains comme non-humains). En lien avec cette critique générale, on peut citer parmi les critiques majeures adressées à la croissance : 1) la non prise en compte des dommages infligés à la biosphère, la croissance économique étant effectivement intimement liées à la dégradation de l'habitabilité terrestre, 2) la non prise en compte de la finitude des ressources naturelles, une croissance économique perpétuelle supposant la consommation de toujours plus de ressources, 3) la non prise en compte de tous les aspects liés au bien-être individuel et collectif, 4) les inégalités générées par le processus au sein des pays et entre les pays, la croissance économique des uns reposant en fait sur l'exploitation (ressources naturelles, mains d'œuvre, …) des autres.

La définition de la croissance économique en tant que phénomène en image : Le graphique du haut montre que pendant l'essentiel de leur histoire, les humains ont vécus sans croissance économique, ou avec une croissance économique très faible : au fil du temps, chaque humain d'une génération produit et consomme à peu près l'équivalent de ses prédécesseurs. Ce n'est qu'à partir de la révolution industrielle et plus encore à la sortie de la Seconde Guerre mondiale que la croissance économique devient un phénomène exponentiel : entre 1850 et 1950 et au niveau mondial, le PIB par habitant (un proxy du niveau de production-consommation par habitant) a été multiplié par plus de 10. La figure du dessous montre que la croissance économique n'a cependant pas du tout été homogène dans l'espace. Par exemple, le PIB par habitant aux États-Unis est aujourd'hui 8 fois plus grand qu'en Inde, et près de 50 fois plus grand qu'au Malawi ou en Mozambique. Source des données du graphique : Our World In Data, https://ourworldindata.org/economic-growth. Source de l'image de la carte mondiale du PIB par habitant ; Wikipédia, EBKWiki, CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, via Wikimedia Commons. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:A_Map_of_(nominal)_gdp_per_capita_in_2024_by_country-nations.png

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