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Des articles de fond sur l'Anthropocène

L'Anthropocène ou le temps des forêts mondialisées

Henri Cuny - 16/12/2023

Comment la mondialisation contribue à la déforestation dans les pays "en développement" et à l'expansion forestière dans les pays "développés"

Nouvel article consacré à la forêt, après l'article en deux parties sur l'histoire de la forêt française, dont la dynamique sur le temps long et sur la période plus récente témoigne de l'influence considérable et millénaire des hommes sur la surface terrestre. Dans cet article, nous étendrons l'emprise spatiale de notre analyse en parlant des forêts du monde. Nous montrerons ainsi que la dynamique forestière de la forêt française, ou plus généralement des pays dits "développés", ne peut pas être pleinement comprise sans tenir compte des autres forêts du monde, auxquelles elle est totalement liée. L'Anthropocène est l’époque durant laquelle l’activité humaine influence l’ensemble des forêts du monde ; il est le temps des forêts mondialisées.

Où se trouve la forêt sur Terre ?

La forêt, avec une surface mondiale d’environ 4 milliards d’hectares, couvre environ 1/3 des terres émergées de la planète [1], un taux de boisement proche de celui observé en France de métropole [2]. Plus de la moitié de la surface forestière mondiale se trouve dans seulement 5 pays (les plus grands) : Russie, Canada, États-Unis, Chine et Brésil [1]. La forêt de France métropolitaine, avec une surface d’environ 17 millions d’hectares [2], ne représente de son côté que 0,4 % de la surface forestière mondiale (sachant que la métropole représente environ 0,4 % des terres émergées de la planète).

La forêt ou les forêts du monde ?

Les statistiques forestières globales ne doivent pas masquer l’extraordinaire diversité de la forêt, qui prend effectivement des formes très variables (en matière de composition, de structure, de faune abritée…) autour du monde. Il est donc préférable de parler des forêts plutôt que de la forêt du monde pour davantage mettre en avant cette pluralité.

Différents types de biomes forestiers sont ainsi distingués autour du monde, sachant que chacun regroupe en réalité une grande diversité de situations forestières. Les forêts boréales, qui représentent un quart environ des forêts du monde, se trouve aux plus hautes latitudes. Composées majoritairement de conifères (épicéas, sapins, mélèzes, pins…) mais aussi de feuillus (bouleaux, saules, peupliers…) adaptés au froid, elles forment un vaste anneau circumpolaire, presque continu sur 12 000 km, traversant les régions scandinaves, la Russie, l’Alaska et le Canada.

Figure 1 : Carte de répartition des grands biomes forestiers autour de la surface terrestre. Source de l’image : FAO Global Forest Resources Assessment 2020 (https://www.fao.org/documents/card/en/c/ca8753en).

Carte des biomes forestiers autour du monde
Carte des biomes forestiers autour du monde

Sous les climats plus tempérés, notamment dans l’hémisphère nord et de manière moindre dans l’hémisphère sud, se trouvent les forêts tempérées, qui représentent 15 % des forêts du monde. Elles sont généralement dominées par des feuillus (chênes, hêtres, frênes…) mais peuvent aussi être composées de divers conifères.

Enfin, entre l’équateur et les tropiques se trouvent les forêts tropicales (la FAO distingue aussi les forêts sous-tropicales, que nous regroupons ici avec les forêts tropicales), qui représentent plus de 55 % des forêts du monde et sont caractérisées par une extraordinaire diversité floristique. Pour les arbres par exemple, le nombre d’espèces tropicales serait plusieurs centaines de fois supérieur à celui observé pour les forêts boréales ou tempérées [3]. Sur un hectare de forêt tropicale, on peut trouver une diversité d’espèces d’arbres supérieures à celle observée dans l’intégralité des forêts boréales et tempérées [4, 5] ! Il y aurait au moins 16 000 espèces d’arbres dans la forêt amazonienne [6], contre environ 150 en France métropolitaine.

Outre les différentes espèces d’arbres, chaque biome forestier abrite une grande diversité en matière de faune, de flore accompagnatrice, de champignons ou de microorganismes. On estime que les forêts abritent une majeure partie de la biodiversité terrestre [7]. Les forêts seraient ainsi l’habitat de 75 % des espèces d’amphibiens, 75 % des espèces d’oiseaux et 68 % des espèces de mammifères [1].

Photos des trois grands types de biomes forestiers
Photos des trois grands types de biomes forestiers

Figure 2 : Photos des trois grands types de biomes forestiers, avec une forêt boréale (à gauche), une forêt tempérée (au centre) et une forêt tropicale (à droite). La photo de gauche a été prise en Sibérie, celle du centre dans le nord-est de la France et celle de droite à Bornéo en Indonésie. Source des images : Wikipédia pour les photos de gauche et de droite, IFN pour la photo du centre.

Des forêts diversement influencées par l'activité humaine au cours de l'histoire

Les forêts du monde ont pu être modifiées par l’activité humaine au cours de l’histoire à des degrés très divers. Certaines forêts (notamment tempérées) sont largement influencées par l’activité humaine depuis des siècles voire des millénaires. Dans un pays comme la France, la surface forestière a considérablement décliné au fil du temps à partir de -5000 avant notre ère, notamment sous l’effet de l’expansion agricole, et des massifs forestiers sont exploités depuis des millénaires pour leurs ressources [8].

Par contraste, certaines forêts (notamment tropicales et boréales) sont qualifiées de "primaires", car elles sont supposées avoir été peu modifiées par l’activité humaine au cours des derniers siècles. Aujourd’hui, les forêts primaires représenteraient environ le quart de la surface forestière mondiale et plus de la moitié d’entre elles se trouvent au Brésil, au Canada et en Russie [1].

L’influence de l’activité humaine sur les forêts dites "primaires" fait cependant l’objet d’un vigoureux débat scientifique : par exemple, à rebours du mythe de la forêt vierge, certains auteurs prétendent que l’activité des premières populations arrivées en Amazonie il y a au moins 13 000 ans [9] a largement influencé la structure et la composition de la forêt amazonienne [10-12], là ou d’autres prétendent que l’idée d’une forte influence humaine reste peu étayée [13-15].

La dynamique globale des forêts du monde est celle d'un inexorable déclin

Si l’influence historique de l'activité humaine sur les forêts est spatialement très hétérogène, la dynamique globale de la forêt sur le temps long est celle d'un inexorable déclin. Ainsi, depuis l'émergence de l'agriculture il y a quelque 12 000 ans, la surface forestière aurait été réduite d’au moins un tiers [16], tandis que la population d’arbres aurait été divisée par deux [17].

Cette dynamique millénaire de disparition de la forêt se poursuit aujourd’hui, même si elle a eu tendance à ralentir récemment comparativement à la fin du 20e siècle : la perte nette de forêt (déforestation + gains de forêts) atteignait 8 millions d’hectares par an au cours des années 1990, contre environ 5 millions d’hectares par an depuis 2000 [1].

Là-aussi, cette dynamique globale masque une impressionnante hétérogénéité spatiale. On observe ainsi une terrible déforestation (c'est-à-dire la perte durable de superficie forestière au profit d'autres utilisations des terres) au niveau des tropiques, dans les pays dits "en voie de développement", notamment en Amérique du Sud et en Asie du Sud-Ouest [1, 16].

Cette déforestation s’accompagne en parallèle d’une spectaculaire recolonisation forestière dans certaines régions, principalement dans l’hémisphère nord : par exemple en France ou plus généralement en Europe, en Chine ou aux USA. Notons cependant que l'expansion forestière observées dans certaines régions du monde ne "compense" pas la déforestation tropicale, d’où la perte nette de forêt observée au niveau mondial évoquée ci-dessus.

Graphique de l'évolution de la surface de forêt sur chaque continent depuis 1990
Graphique de l'évolution de la surface de forêt sur chaque continent depuis 1990

Figure 3 : Évolution de la surface de forêt sur chaque continent au cours des trois dernières décennies. Source du graphique : FAO Global Forest Resources Assessment 2020 (https://www.fao.org/documents/card/en/c/ca8753en).

L'expansion forestière dans les pays "développés" est liée à la déforestation dans les pays "en développement"

Pour illustrer et comprendre les raisons et l’interdépendance de ces dynamiques forestières opposées dans l’espace terrestre, nous pouvons prendre en exemple deux localités : Rondônia, un état dans l’ouest du Brésil et Gérardmer, petite ville du nord-est de la France (département des Vosges).

À Rondônia au Brésil, la comparaison de deux vues satellitaires prises à 10 ans d’intervalle met en évidence une très forte extension des surfaces agricoles au détriment de la forêt. Cette dynamique locale illustre remarquablement ce qui ce passe plus largement dans les pays "en voie de développement", où l'expansion de l'agriculture est la cause essentielle de la déforestation [16].

Au niveau global, le bœuf, le soja et l’huile de palme sont responsables de 60 % de la déforestation tropicale [16]. En Amérique du Sud, c'est l'expansion des pâturages pour le bœuf et des cultures du soja qui est la principale cause de la déforestation. En Asie du Sud-Ouest, la culture de l'huile de palme et le secteur papetier sont deux causes majeures de déforestation.

À Gérardmer en France, la comparaison de deux photos aériennes prises à 70 ans d’intervalles montre à l’inverse une forte expansion de l’urbanisation et de la forêt au détriment des surfaces agricoles. Là-aussi, la dynamique est révélatrice de ce qui se passe dans de nombreux pays dits "développés", où la mise en place d'une agriculture intensive basée sur un recours massif aux ressources fossiles (pour la mécanisation, la fabrication des engrais et des pesticides…) a mis fin à des siècles de déforestation en permettant de réduire considérablement les surfaces agricoles nécessaires à la production alimentaire. Les espaces ainsi libérés peuvent alors être recolonisés par la forêt ou, dans une moindre mesure, être urbanisés.

Photos prises depuis un satellite de la forêt amazonienne (Rondônia) en 2000 et 2012
Photos prises depuis un satellite de la forêt amazonienne (Rondônia) en 2000 et 2012

Figure 4 : Vues satellitaires de la forêt amazonienne dans l'état de Rondônia dans l'ouest du Brésil. L'image de gauche a été prise en 2000, celle de droite en 2012. Entre les deux, la déforestation par brûlis a été massive, ceci afin d'étendre les surfaces agricoles, notamment pour le pâturage du bœuf. Source des images : NASA (https://earthobservatory.nasa.gov/world-of-change/Deforestation).

Photos aériennes de la forêt aurour de la ville de Gérardmer en 1958 et 2021
Photos aériennes de la forêt aurour de la ville de Gérardmer en 1958 et 2021

Figure 5 : Photographies aérienne de la ville de Gérardmer dans le nord-est de la France. La photo de gauche a été prise en 1958, celle de droite en 2021. On note entre les deux photos une expansion de la forêt ainsi que de l'urbanisation, et à l'inverse une forte diminution des surfaces agricoles. Source des images : IGN (https://remonterletemps.ign.fr/).

A travers les exemples de Rondônia et Gérardmer, on comprend qu’il s’opère dans les pays "en voie développement" une extension des surfaces agricoles au détriment dans la forêt, et à l’inverse dans les pays "développés" une contraction des surfaces agricoles au bénéfice de la forêt.

Nous avons vu dans un précédent article que cette expansion forestière fait suite à des siècles de déforestation, à laquelle la révolution industrielle et la déprise agricole – comprendre l’exploitation massive des ressources fossiles – ont mis un terme, au prix de bien d’autres désagréments (émissions de gaz à effet de serre, épandage de produits destructeurs pour le vivant, …). Mais le recours aux ressources fossiles n’est pas la seule cause de l'expansion forestière dans les pays "développés", qui, comme nous allons le voir, ont largement délocalisé la déforestation.

La démographie galopante et la hausse de la consommation de chaque habitant peut en partie expliquer la hausse des surfaces agricoles et la déforestation des pays "en voie de développement". Toutefois, les pays "en développement" accroissent leur surface agricole aussi pour nourrir l’insatiable appétit des pays "développés" [18]. Par exemple, les secteurs de l’élevage européens sont fortement dépendants du soja latino-américain qui constitue la principale source de protéines pour l’alimentation animale – les fameux tourteaux de soja. La France importe chaque année environ 3 millions de tonnes de tourteaux de soja du Brésil, qui est de loin le premier fournisseur du pays [19].

Lorsque les pays "développés" importent ces produits, ils importent donc de la déforestation puisque les surfaces agricoles nécessaires à la production desdits produits se trouvent dans d’autres pays. Et l’export de produits agricoles depuis des pays comme le Brésil vers des régions comme la Chine sont en forte hausse [20]. Aujourd’hui, le Brésil est le premier exportateur de bœuf au monde [21].

Comme le bœuf ou le soja, l’huile de Palme est aujourd’hui massivement importée par de nombreux pays "développés" [22]. En fait, comme nous allons le détailler avec l’huile de palme, ce ne sont pas des types de production mais bien les modes de consommation associés au mode de vie occidental, érigé en standard alors qu’il est une aberration historique, qui sont le moteur de la déforestation.

L'huile de palme est-elle un facteur de déforestation ?

L’huile de palme est depuis quelques années identifiée comme un facteur majeur de déforestation. L'huile de palme a des propriétés polyvalentes qui font qu’elle entre dans la composition de toute une série de produits à travers le monde : aliments (margarine, chocolat, pizzas, huiles de cuisson…), applications industrielles (savons, détergents, cosmétiques, agents de nettoyage …), énergie (biocarburants). En 50 ans (1970-2020), sa production a été multipliée par 35 pour dépasser aujourd’hui 70 millions de tonnes par an [23] !

La production de l’huile de palme est concentrée dans quelques pays, mais l’Indonésie et la Malaisie assurent à eux-seuls près de 85 % de la production mondiale. Elle est ensuite exportée vers de nombreux pays, notamment en Europe, aux États-Unis, en Chine et en Inde.

Carte des pays producteurs et importateurs d'huile de palme dans le monde
Carte des pays producteurs et importateurs d'huile de palme dans le monde

Figure 6 : Cartes de la production et des imports d'huile de palme par pays. L'huile de palme est produite dans quelques pays, puis exportée dans de très nombreux produits. Source des cartes : Our World In Data (https://ourworldindata.org/palm-oil).

Pour assurer la hausse de la production, de grandes surfaces de forêt tropicale ont été rasées et remplacées par des palmiers à huile au cours des dernières décennies. Vu sous cet angle, l’huile de palme apparait donc clairement comme un facteur important de déforestation.

Photo aérienne d'une palmeraie et de la forêt à Bornéo en Indonésie
Photo aérienne d'une palmeraie et de la forêt à Bornéo en Indonésie

Voyant maintenant les choses sous un autre angle : pourquoi la consommation d’huile de palme a-t-elle à ce point augmenté si cette-dernière est si nocive pour l’environnement ? Pourquoi ne pas chercher à la remplacer par de l’huile de colza, de tournesol, d’olive ou autres ?

La réponse est très simple : la palmeraie est une culture très productive. Autrement dit, sur une surface donnée, une culture de palmiers à huile génère bien plus d’huile qu’une culture de colza, de tournesol ou d’olive. Au niveau mondial, l’huile de palme représente 36 % du volume d’huile produit, alors qu’elle utilise moins de 9 % des terres cultivées consacrées à la production d'huile (29 millions d’hectares sur les 300 millions d’hectares dévoués à la production d’huile) [23].

Une comparaison des rendements illustre clairement ces différences de productivité : un hectare de palmiers à huile génère jusqu’à près de 3 tonnes d’huile, là où un hectare de tournesol ou de colza en génère un peu plus de 0,7 tonne, et un hectare d’oliveraie moins de 0,3 tonne [23] ! Autrement dit, le rendement de l’huile de palme est 4 à 10 fois supérieur à celui de cultures plus classiques comme le tournesol, le colza ou l’olive.

Dit encore autrement, pour remplacer l’huile de palme, il faudrait une surface de tournesol ou de colza 4 fois supérieure à celle de la palmeraie, ou une surface d’oliveraie 10 fois supérieure à celle de la palmeraie ; il faudrait donc raser 4 à 10 fois plus de surface de forêt !

Vu sous cet angle, l’huile de palme apparait bien plus comme une conséquence de notre modèle de (sur)consommation que comme une cause en soi de déforestation. Elle n’est que l’un des systèmes hyper-productifs mis en place pour essayer de suivre la hausse de la demande globale en huile végétale d’une activité humaine à l’appétit féroce et insatiable.

Figure 7 : Photographie aérienne de palmiers à huile juxtaposant la forêt vers le village de Sentabai, à Bornéo en Indonésie. Source : Photo de Nanang Sujana, CIFOR (https://www.cifor.org/knowledge/photo/38802487905).

Références

[1] FAO, « Global Forest Resources Assessment 2020: Main report. Rome, Italy », 2020. https://doi.org/10.4060/ca8753en

[2] IGN, « Mémento, édition 2023 ». https://inventaire-forestier.ign.fr/IMG/pdf/memento_2023.pdf

[3] J. W. F. Slik et al., « An estimate of the number of tropical tree species », Proc. Natl. Acad. Sci., vol. 112, no 24, p. 7472‑7477, 2015. https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.1423147112

[4] P. Keil et J. M. Chase, « Global patterns and drivers of tree diversity integrated across a continuum of spatial grains », Nat. Ecol. Evol., vol. 3, no 3, 2019. https://www.nature.com/articles/s41559-019-0799-0

[5] O. L. Phillips, M. J. P. Sullivan, T. R. Baker, A. Monteagudo Mendoza, P. N. Vargas, et R. Vásquez, « Species Matter: Wood Density Influences Tropical Forest Biomass at Multiple Scales », Surv. Geophys., vol. 40, no 4, p. 913‑935, 2019. https://link.springer.com/article/10.1007/s10712-019-09540-0

[6] H. ter Steege et al., « Hyperdominance in the Amazonian Tree Flora », Science, vol. 342, no 6156, p. 1243092, 2013. https://www.science.org/doi/10.1126/science.1243092

[7] B. Groombridge et M. D. Jenkins, World Atlas of Biodiversity. Prepared by the UNEP World Conservation Monitoring Centre. University of California Press, Berkeley, 2002.

[8] M. Chalvet, Une histoire de la forêt. Seuil, 2011.

[9] J. M. Capriles et J. Albarracin-Jordan, « The earliest human occupations in Bolivia: A review of the archaeological evidence », Quat. Int., vol. 301, p. 46‑59, 2013. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1040618212004260

[10] A. C. Roosevelt, « The Amazon and the Anthropocene: 13,000 years of human influence in a tropical rainforest », Anthropocene, vol. 4, p. 69‑87, 2013. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2213305414000241

[11] C. Levis et al., « Persistent effects of pre-Columbian plant domestication on Amazonian forest composition », Science, vol. 355, no 6328, p. 925-931, 2017. https://www.science.org/doi/10.1126/science.aal0157

[12] U. Lombardo, J. Iriarte, L. Hilbert, J. Ruiz-Pérez, J. M. Capriles, et H. Veit, « Early Holocene crop cultivation and landscape modification in Amazonia », Nature, vol. 581, no 7807, 2020. https://www.nature.com/articles/s41586-020-2162-7

[13] C. N. H. McMichael, F. Matthews-Bird, W. Farfan-Rios, et K. J. Feeley, « Ancient human disturbances may be skewing our understanding of Amazonian forests », Proc. Natl. Acad. Sci., vol. 114, no 3, p. 522‑527, 2017. https://www.pnas.org/doi/full/10.1073/pnas.1614577114

[14] M. B. Bush et al., « Anthropogenic influence on Amazonian forests in pre-history: An ecological perspective », J. Biogeogr., vol. 42, no 12, p. 2277‑2288, 2015. https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/jbi.12638

[15] C. H. McMichael et al., « Sparse Pre-Columbian Human Habitation in Western Amazonia », Science, vol. 336, no 6087, p. 1429‑1431, 2012. https://www.science.org/doi/10.1126/science.1219982

[16] H. Ritchie, F. Spooner, et M. Roser, « Forests and Deforestation », Our World Data, 2023. https://ourworldindata.org/forests-and-deforestation

[17] T. W. Crowther et al., « Mapping tree density at a global scale », Nature, vol. 525, no 7568, p. 201‑205, 2015. https://www.nature.com/articles/nature14967

[18] R. Rajão et al., « The rotten apples of Brazil’s agribusiness », Science, vol. 369, no 6501, p. 246‑248, 2020. https://www.science.org/doi/10.1126/science.aba6646

[19] Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires, « Soja », Stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée. https://www.deforestationimportee.ecologie.gouv.fr/produits-concernes/article/soja

[20] L. Sauvage, « Au Brésil, des exports de viande bovine en forte hausse début 2022 ». https://www.web-agri.fr/marches-agricoles/article/207528/au-bresil-des-exports-de-viande-bovine-en-forte-hausse-debut-2022

[21] Economic Research Service, U.S. department of agriculture, « Brazil Once Again Becomes the World’s Largest Beef Exporter ». https://www.ers.usda.gov/amber-waves/2019/july/brazil-once-again-becomes-the-world-s-largest-beef-exporter/

[22] Alternatives Economiques, « Huile de palme : top 10 des importateurs (70 % des importations mondiales), en millions de tonnes et en % », Alternatives Economiques. https://www.alternatives-economiques.fr/huile-de-palme-top-10-importateurs-70-importations-mondiales-millions-de-tonnes-0105201611087.html

[23] H. Ritchie, « Palm Oil », Our World in Data, 2021. https://ourworldindata.org/palm-oil

Conclusion

Depuis la naissance de l’agriculture il y a 12 000 ans, l’histoire des forêts mondiales est celle d’un lent mais constant "grignotage" par l’activité humaine. Cette tendance globale se poursuit aujourd’hui mais masque une très forte hétérogénéité spatiale : dans de nombreux pays "développés", une recolonisation forestière est à l’œuvre, alors que la perte de forêt se poursuit dans les pays "en développement", principalement du fait de l’expansion de l’agriculture.

Ces dynamiques opposées n’en restent pas moins fondamentalement liées : l’expansion agricole dans les pays "en développement", nécessaire pour subvenir aux besoins de populations croissantes, vise aussi à répondre à la demande en produits d’importation de nombreux pays "développés".

La culture du soja, du bœuf ou de l’huile de palme notamment sont identifiés comme facteurs majeurs de déforestation, alors qu’ils ne sont que les rouages d’un système mondialisé qui a fait de la croissance un but ultime, la mondialisation des chaines de production étant un moyen pour y parvenir. D’une manière générale, la hausse constante de la consommation, notamment dans les pays "développés", repose sur la mise en œuvre de dispositifs hyper-productifs et bon marché, notamment dans les pays "en développement". Un système mondialisé qui permet de consommer avec bonne conscience dans les pays "développés", en externalisant les désagréments loin des yeux et loin du cœur.

Henri Cuny