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Des articles de fond sur l'Anthropocène

Quel futur pour l'Anthropocène ? - Scénario 3 : la décroissance

Henri Cuny - 02/11/2024

Vers une réduction transitoire, équitable et volontaire de l’économie ?

Troisième partie sur le futur de l’Anthropocène, après une première partie sur l’actuelle féroce ambition d’un très hypothétique grand découplage entre la croissance du PIB et l’altération de la surface planétaire, suivie d’une seconde partie sur le possible effondrement de la civilisation thermo-industrielle. Dans cette troisième partie, nous allons parler d’une voie alternative à mille lieues du projet démiurgique du grand découplage mais qui pourrait cependant permettre d’éviter l’effondrement : la décroissance.

Comme l’effondrement, la décroissance est un "mot obus", déclencheur de violentes réactions épidermiques. Ainsi, on ne compte plus les attaques en règle contre la décroissance émanant de politiques de tous bords confondus [1, 2, 3, 4], d’économistes [5, 6, 7, 8], de commentateurs politiques [9, 10], de scientifiques [11], d’entrepreneurs [12, 13] et tant d’autres.

Mais qu’est-ce donc que cette terrible décroissance, dont la simple évocation suscite sueurs froides et montées de haines enfiévrées chez certains ?

Qu'est-ce que la décroissance ?

Pour définir la décroissance, il convient en premier lieu de dire un mot du processus auquel elle s’oppose sur tous les points : la croissance ; ou, pour être précis, la croissance du Produit Intérieur Brut (PIB). Ce petit indicateur, qui mesure grosso modo le niveau d’agitation de l’économie*, est tout simplement devenu la boussole du monde et sa croissance s’est progressivement imposée non pas comme une phase transitoire de hausse de la production économique, mais bien comme une finalité ultime, une sorte de quête du Graal des temps modernes.

La croissance du PIB est en effet l’objectif de toutes les politiques actuelles : sans croissance, clament à longueur de temps ses adorateurs les plus zélés, notre économie se meure, notre système social s’effondre et c’est la ruine et le désespoir qui nous guettent tous. La production économique et son corollaire, la consommation, doivent donc perpétuellement augmenter, il n’y a(urait) pas d’alternative.

Assez tôt, certains ont fustigé le caractère vain, insensé, illusoire et même dangereux du projet fondé sur la recherche d’une croissance infinie. Dès 1934, Simon Kuznets, le propre père du PIB, mettait en garde quant au caractère absurde de faire de la croissance du PIB une fin en soi : "Ceux qui demandent plus de croissance devraient préciser leur pensée : plus de croissance de quoi et pour quoi ?" [14]

Ce serait cependant durant les années 1960-1970 que les principaux concepts à l’origine de la décroissance ont été formulés. Si l’objectif ici n’est pas de faire un historique précis de la décroissance (pour une histoire de la décroissance, voir par exemple "Ralentir ou Périr - Une économie de la décroissance" de Timothée Parrique [15]), citons néanmoins Nicholas Georgescu-Roegen et son ouvrage majeur "The Entropy Law and the Economic Process" sorti en 1971.

Dans cet ouvrage, l’économie est conceptualisée comme un processus physique de transformation de matière — des ressources naturelles sont transformées pour produire des biens et des services consommables — qui s’accompagne inévitablement d’une dégradation et d’une dissipation irréversibles de matière et d’énergie (concept d’entropie) [16]. Accroitre l’économie revient dès lors à augmenter les pertes irrécupérables, la conséquence étant que si l’on considère que notre monde est fini, une croissance infinie est impossible.

Citons aussi le mondialement célèbre "rapport Meadows et al." ou "rapport au Club de Rome" publié en 1972 et qui a également eu une influence décisive sur l’émergence du concept de décroissance [17]. Ce rapport présente le travail d’une équipe de chercheurs du Massachusetts Institute of Technology dirigée par Dennis et Donella Meadows. En réalisant des simulations à l’aide d’un modèle du "système monde", les auteurs ont obtenu pour résultat qu’une croissance continue de la production-consommation se termine inévitablement par un effondrement systémique.

La théorie de Georgescu-Roegen et les résultats de Meadows et al. ont nourri l’idée qu’une croissance infinie était impossible, mais surtout qu’un système fondé sur la finalité de croissance pouvait conduire à de dangereux dépassements écologiques menant à son propre crash. Un moyen évident d’éviter ce crash est d’opérer un "rétrécissement de la production économique" afin de tenir compte des limites écologiques, et c’est bien à ce "rétrécissement" que le terme de décroissance (alors très peu utilisé à cette époque) fait référence.

Ce n’est finalement qu’à partir des années 2000 que le terme de décroissance émerge vraiment pour définir, au-delà du seul rétrécissement de l’économie, un nouveau projet politique fondé sur un système de valeurs en opposition à celui qui sous-tend la croissance.

La croissance n’est en effet plus vue comme un simple phénomène de hausse de la production-consommation, mais comme une idéologie ou une sorte de nouvelle religion universelle, dont la décroissance constitue une critique radicale. En ce sens, Serge Latouche avance qu’il est probablement nécessaire de procéder à une "décolonisation de l’imaginaire" de la croissance et que la décroissance est avant toute chose une "a-croissance", c’est-à-dire un athéisme de la croissance (pour décroître il faut "décroire") [18, 19].

Nous avons parlé du projet de grand découplage entre la croissance du PIB et l’altération de l’environnement dans un précédent article. Finalement, le scénario de la décroissance est lui aussi un scénario de découplage, mais cette fois entre la croissance du PIB et le progrès. Car abandonner la croissance du PIB en tant que projet politique, c’est abandonner la croyance que la croissance du PIB est seule garante du progrès. Pour reprendre une formule utilisée par Pierre Rabhi, découpler la croissance du progrès revient à "nous libérer de l’illusion selon laquelle le toujours plus équivaudrait au toujours mieux" [20].

Représentation théorique de la décroissance, avec baisse transitoire du PIB vers la post-croissance
Représentation théorique de la décroissance, avec baisse transitoire du PIB vers la post-croissance

Figure 1 : Illustration du concept de la décroissance. Il existe depuis des décennies un couplage fort entre la croissance du PIB et l’altération de l’habitabilité terrestre, et une assimilation de la croissance du PIB à l’idée de progrès. Dans un projet de décroissance, la société s’organise pour faire décroitre volontairement et de manière équitable l’activité économique telle que mesurée par le PIB afin de tenir compte des limites écologiques ; la décroissance n’est cependant pas une fin en soi, mais une transition pour arriver à une économie stationnaire dite de "post-croissance", dans laquelle l’idée de progrès est dissociée de la croissance du PIB.

Une fois que l’on ne croit plus en la croissance du PIB comme voie de salut pour l’humanité, la décroissance peut apparaitre comme un processus non seulement nécessaire, mais surtout désirable. La décroissance constitue alors un nouveau projet politique de diminution transitoire, équitable et volontaire du PIB

Ces trois mots — "transitoire", "équitable" et "volontaire" — sont essentiels pour comprendre la décroissance. Le mot "transitoire" indique que contrairement à la croissance du PIB, qui est devenue une fin en soi à poursuivre éternellement, la décroissance est un moyen transitoire de réduction de la production économique. Cette réduction doit mener à un nouvel état, appelé économie stationnaire ou économie de la post-croissance, dans lequel l’économie est libérée de l’impératif de croissance (c’est-à-dire que la croissance n’est plus un prérequis à la vitalité de l’économie et du système social) et dans laquelle le niveau de production est compatible avec les limites écologiques.

Le mot "équitable" indique quant à lui que la décroissance doit évidemment être juste au regard des richesses de chacun. Faisant le constat que la pauvreté est aujourd’hui dans bien des pays un problème d’allocation bien plus que de niveau de la production économique (en témoignent les sidérantes disparités de richesses entre individus), l’idée est qu’une diminution du PIB ne se traduira pas nécessairement pas davantage de pauvreté, voire même au contraire permettra à beaucoup de vivre mieux, du moment que la production économique est plus équitablement répartie. Dans les endroits du monde où la production économique serait aujourd’hui insuffisante, il n’est évidemment pas question de mettre en œuvre une réduction de l’économie.

Enfin, le mot "volontaire" signifie que la décroissance est quelque chose de désiré. Le caractère "équitable" et "volontaire" de la décroissance montre d’ailleurs à quel point celle-ci est à distinguer d’une récession, qui constitue a contrario une diminution inéquitable et subie du PIB.

En définitive, le concept de décroissance mêle le dessein de réduire la taille de l’économie pour tenir compte des limites écologiques et l’ambition de réviser les croyances et des valeurs qui constituent le socle de notre société, ceci afin de bâtir un nouveau projet collectif dans lequel l’importance de la sphère économique dans nos existences serait réduite, l’objectif final étant d’améliorer le bien-être de tous.

Une bonne définition en est donnée par Timothée Parrique dans son ouvrage "Ralentir ou périr – Une économie de la décroissance" [15] :

La décroissance est "une réduction de la production et de la consommation pour alléger l’empreinte écologique planifiée démocratiquement dans un esprit de justice sociale et dans le souci du bien-être."

Cette décroissance n’est pas une finalité, mais un chemin transitoire qui nous mène à la post-croissance, soit :

"Une économie stationnaire en harmonie avec la nature où les décisions sont prises ensemble et où les richesses sont équitablement partagées afin de pouvoir prospérer sans croissance."

Des signes d'un engouement pour la décroissance ?

Nous l’avons évoqué : alors que le terme "décroissance" est peu fréquent au 20e siècle, il est de plus en plus souvent utilisé à partir du début des années 2000. D’ailleurs, la littérature autour de la décroissance est en pleine… croissance (on serait tenté de dire que même le mouvement de la décroissance n’échappe pas à l’incroyable vague de la croissance), avec de plus en plus de livres (voir le référencement sur le blog de Timothée Parrique) et d’articles scientifiques (des centaines d’articles recensés) sur le sujet.

Outre cette littérature abondante, on ne compte plus les diatribes ou attaques gratuites contre le concept de la décroissance (voir les quelques exemples donnés en introduction de cet article), si bien que celui-ci tient une bonne place dans les médias.

Voici donc un premier signe d’engouement pour la décroissance : dans les "milieux intellectuels", le terme semble particulièrement prisé et nourri en tout cas des débats endiablés, entre fervents partisans (peu visibles dans les grands médias cependant) et objecteurs haineux (bien visibles par contre). Ces milieux-là ne sont cependant aucunement représentatifs de la société et il convient donc d’élargir le champ de notre analyse. Pour cela, nous disposons de quelques sondages d’opinion sur le sujet de la décroissance, et leurs résultats sont surprenants !

Un sondage réalisé en 2019 (par Odoxa pour le Medef, peu réputé pour son attrait pour la décroissance) auprès de 3011 Européens est arrivé à la conclusion que "l’attrait pour la « décroissance » est fort : 67 % des Français s’y disent favorables (également 70 % des Britanniques, 62 % des Espagnols et 53 % des Italiens – seuls les Allemands y sont opposés à 54 %)" [21, 22].

Un autre sondage réalisé en 2019 (toujours par Odoxa, pour AVIVA Assurances, BFM Business et Challenges, pas vraiment des décroissants encore une fois donc) auprès de 996 Français est arrivé à un moindre plébiscite, mais avec tout de même 54 % des sondés préférant la décroissance à la croissance verte pour préserver l’environnement [23].

Peut-être plus surprenant, ce sondage soulignait un certain consensus politique sur le sujet : "si les sympathisants EELV (ndla : parti écologiste de l’époque) sont 63% à se dire adeptes de la décroissance, les sympathisants des autres – vieux ou jeunes – partis « productivistes » sont eux-aussi une majorité à y être favorables. Ainsi, 57% des sympathisants de gauche, 55% des LaREM (ndla : parti d'Emmanuel Macron) et 59% des LR (ndla : parti de la droite républicaine) sont d’accord avec cette idée."

D’autres sondages sont cependant plus nuancés. Un sondage IFOP de 2023 a montré que "la majorité des Français n’est pas prête à abandonner l’idée de croissance : 57 % pensent que croissance et sobriété sont compatibles" ; mais "28% jugent que pour atteindre la sobriété énergétique, il faut ralentir la croissance économique" [24] (ndla : la formulation est d’ailleurs ambiguë ; ralentir la croissance économique ne veut pas dire décroître, mais plutôt croître moins vite).

On le voit donc, les chiffres peuvent sensiblement bouger au gré des sondages et de la manière dont les questions sont posées, mais on peut tout de même raisonnablement penser au vu des ordres de grandeur annoncés qu’entre un bon quart et une bonne moitié des Français sont favorables à la décroissance ! De quoi constituer une base solide pour placer la décroissance en thème qui compte dans le débat public et en sérieux candidat pour un projet collectif d’avenir. Non ?

Un scénario impossible ?

Las, il y a les opinions que les gens émettent lorsqu’on les questionne pour un sondage donné, et il y a les opinions qu’ils expriment lorsqu’on leur demande de prendre position sur un projet, par exemple lors d’une élection. Et le différentiel entre les résultats des sondages susmentionnés et les résultats des élections politiques est proprement abyssal !

Pour prendre un exemple concret, jetons un œil aux résultats de la plus récente élection en France : les législatives de 2024. Dans la 2e circonscription des Vosges se présentait une seule liste dont la décroissance figurait explicitement au programme ; toutes les autres listes prônaient la croissance du PIB. Cette liste a fait le score de 10 voix au premier tour. Non pas 10 % des voix, mais bien 10 voix sur les 48623 votants, soit 0,02 % des voix ! [25]. Dans les quelques autres circonscriptions où était présentée une liste "décroissante", les résultats ont été du même acabit [26].

Aux élections européennes de 2024, la liste "Paix et décroissance" a également plafonné à un tout petit 0,02 % [27].

Évidemment, répondre à une question d’un sondage n’est pas la même chose que voter pour un projet politique. Il est à peu près certain qu’un sondage sur le partage donnerait une très large majorité de répondants en faveur de la nécessité d’une répartition plus équitable des richesses, mais ce sont pourtant bien les projets politiques qui autorisent les inégalités actuelles qui sont plébiscités. Il est aussi à peu près certain qu’un sondage pourrait arriver à la conclusion que les gens font de la préservation de la vie sur Terre une priorité, mais les politiques votées sont bien celles qui induisent une altération de l’habitabilité terrestre et un effondrement du vivant. Répondre à des sondages et voter sont donc deux choses totalement différentes.

Mais, tout de même, dans le cas de la décroissance, l’écart de résultats entre les sondages d’opinions et les élections est frappant et montre bien le fossé qui existe entre voir la décroissance comme un moyen pertinent pour bâtir une société plus écologique et vouloir réellement s’engager dans un projet décroissant. En l’occurrence, il ne s’agit pas d’un fossé, mais d’un abysse !

Le paradoxe de la décroissance ; beaucoup d'adeptes supposés mais peu de "faiseurs" réels
Le paradoxe de la décroissance ; beaucoup d'adeptes supposés mais peu de "faiseurs" réels

Figure 2 : Il y a une grande différence entre se dire "favorable à la décroissance", ou penser que la décroissance serait un moyen efficace de réduire l’empreinte écologique de l’activité humaine, et vouloir s’engager concrètement dans un réel projet de décroissance.

Il faut aussi dire que tout est fait pour dissuader du choix de la décroissance. Politiques, entrepreneurs et businessman en tout genre se relaient sans relâche dans les médias pour professer l’absolue nécessité de la croissance et moquer le projet "moyenâgeux" et délétère des partisans de la décroissance, dépeints comme des idéologues extrémistes "écolo-bourgeois-gauchistes" (comme s’il n’y avait pas d’idéologie dans la volonté de poursuive quoi qu’il en coûte la croissance du PIB) [9].

On peut comprendre l’acharnement des grands bénéficiaires de la croissance du PIB contre la décroissance, un projet qui suppose effectivement qu’ils perdent certains privilèges. On peut plus généralement comprendre les réticences des "croyants", et ils sont nombreux, qui voient dans la croissance du PIB l’unique voie de progrès.

Contrairement au scénario du grand découplage, le scénario de la décroissance est un scénario exigeant et inconfortable, puisqu’il implique une remise en question totale de l’idéologie de la croissance (révolution culturelle), qui nous imprègne en profondeur, ainsi qu’une profonde réorganisation de la société (révolution sociale). Un peu comme des religieux dont la foi serait sérieusement mise en doute, une telle remise en question est certainement inconfortable pour ceux qui croient dur comme fer en la croissance du PIB.

Au sein même du parti écologiste, un milieu dans lequel on pourrait s’attendre à ce que la décroissance reçoive un écho plus favorable et soit a minima au cœur des débats (on l’a vu ci-dessus, plus de 60 % des adhérents au parti écologiste seraient "adeptes de la décroissance"), les caciques, dans la traditionnelle pusillanimité inhérente à ce parti politique, évitent soigneusement de se positionner sur le sujet en usant de différentes pirouettes [28].

Lors de la primaire écologiste de 2021 pour désigner le candidat à l’élection présidentielle, une seule candidate (Delphine Batho) parlait ouvertement de décroissance ; elle n’a pas réussi à faire de l’opposition croissance/décroissance un thème majeur de débat et a été éliminée dès le premier tour avec 22 % des voix [29].

Dans le milieu scientifique aussi, et en dépit de l’engouement mentionné ci-dessus, le scénario de la décroissance reste finalement plutôt ignoré. Pour l'illustrer, je reprends ici une analyse du rapport du groupe 3 du GIEC (2022) faite par Jean-Baptiste Fressoz [30]. Ce rapport est un gros pavé de 2900 pages. Le mot "transition" y apparait environ 2700 fois ; le mot "degrowth" (décroissance en anglais) seulement 26 fois, la plupart du temps en notes de bas de page. Sur les 3131 scénarios soumis pour l’énorme travail de simulation présenté dans le rapport, aucun n’incluait la décroissance économique.

Résumons : la décroissance ne recueille quasiment aucune voix lors des consultations publiques ; et même les personnes qui seraient le plus susceptibles d’en parler (écologistes politiques, scientifiques) refusent la plupart du temps la simple utilisation du terme. Autant dire que nous laissons assez peu de chance à la réalisation de ce scénario !

Une critique souvent opposée à la décroissance est que celle-ci reste somme toute très théorique [31, 32]. Certes, mais comment cela pourrait-il en être autrement dans une société qui fuit tout débat serein sur le sujet (la décroissance est discutée dans les médias, mais généralement de manière tellement caricaturale et fallacieuse, avec une place ultra-prépondérante laissée aux contempteurs haineux, que tout débat sérieux est impossible) et dans laquelle aucune expérimentation même locale du processus n’est possible ?

Notes

*Plus précisément, le PIB mesure la valeur ajoutée marchande de tous les biens et services qui se vendent pendant une année donnée, ainsi que le coût de production des services non marchands fournis par les administrations publiques (enseignement, santé, …). Pour faire simple, le PIB c’est la somme de tout l’argent dépensé pendant une année. Une croissance du PIB caractérise donc l’augmentation des dépenses d’une année sur l’autre.

Références

[1] Le Figaro, «La décroissance n’est pas une réponse au défi climatique», explique Emmanuel Macron, (2020). https://www.youtube.com/watch?v=tVH04X2gSAc

[2] L. Ferry, « Pourquoi la décroissance serait catastrophique », Le Figaro. 2021. https://www.lefigaro.fr/vox/societe/luc-ferry-pourquoi-la-decroissance-serait-catastrophique-20211215

[3] N. Monier, « Rentrée du Medef : « La décroissance, c’est remettre en cause notre modèle social », estime E. Borne », LSA. 2023. https://www.lsa-conso.fr/ref2023-elisabeth-borne-la-decroissance-c-est-remettre-en-cause-notre-modele-social,444511

[4] C. Mahoudeau, « Lors de l’université d’été du parti Reconquête!, Éric Zemmour propose de «dépolitiser» la France », Europe 1. 2024. https://www.europe1.fr/politique/lors-de-luniversite-dete-du-parti-reconquete-eric-zemmour-propose-de-depolitiser-la-france-4266174

[5] La Nouvelle République, « Esther Duflo : “Pour lutter contre la pauvreté, il faut se poser la question de la répartition des richesses” », lanouvellerepublique.fr. 2023. https://www.lanouvellerepublique.fr/a-la-une/esther-duflo-pour-lutter-contre-la-pauvrete-il-faut-se-poser-la-question-de-la-repartition-des-richesses

[6] C. Di Méo et J.-L. Harribey, « Les dangers du discours sur la décroissance », Politis, no 917, 2006. http://harribey.u-bordeaux.fr/travaux/soutenabilite/discours-decroissance.pdf

[7] É. Chaney, « Une critique de la raison décroissantiste », Telos. 2021. https://www.telos-eu.com/fr/economie/une-critique-de-la-raison-decroissantiste.html

[8] Thibault, « “Augmenter les impôts provoquera la décroissance” : la mise en garde de l’économiste Olivier Klein », L’Express. 2024. https://www.lexpress.fr/economie/augmenter-les-impots-provoquera-la-decroissance-la-mise-en-garde-de-leconomiste-olivier-klein-JH2Z4LZ7CRGC3MZD324WRXRMTM/

[9] N. Bouzou, « Misère de la décroissance », L’Express. 2020. https://www.lexpress.fr/economie/nicolas-bouzou-misere-de-la-decroissance_2125127.html

[10] V. Trémolet de Villers, « Dominique Reynié: «L’écologisme permet à la gauche de recycler son vieux combat contre le capitalisme» », Le Figaro. 2023. https://www.lefigaro.fr/vox/politique/dominique-reynie-l-ecologisme-permet-a-la-gauche-de-recycler-son-vieux-combat-contre-le-capitalisme-20231112

[11] R. Noyon, « « La décroissance est une lubie universitaire » : Matthew Huber, le marxiste qui défend le nucléaire et la lutte des classes », Le Nouvel Obs. 2024. https://www.nouvelobs.com/idees/20240823.OBS92717/la-decroissance-est-une-lubie-universitaire-matthew-huber-le-marxiste-qui-defend-le-nucleaire-et-la-lutte-des-classes.html

[12] BFM Business, « On ne sauvera pas la planète en faisant de la décroissance », selon Geoffroy Roux de Bézieux, (2023). https://www.bfmtv.com/economie/on-ne-sauvera-pas-la-planete-en-faisant-de-la-decroissance-selon-geoffroy-roux-de-bezieux_VN-202306160208.html

[13] L. Mediavilla, « Bertrand Piccard : “La décroissance ne tient pas compte de la réalité vécue par les citoyens” », L’Express. 2021. https://www.lexpress.fr/economie/bertrand-piccard-la-decroissance-ne-tient-pas-compte-de-la-realite-vecue-par-les-citoyens_2161105.html

[14] C. Mouzon, « Le PIB nous trompe énormément », Alternatives Economiques. 2020. https://www.alternatives-economiques.fr/pib-trompe-enormement/00094920

[15] T. Parrique, Ralentir ou périr - L’économie de la décroissance, Seuil. 2022.

[16] N. Georgescu-Roegen, The Entropy Law and the Economic Process, 2014e éd. Harvard University Press, 1971.

[17] D. H. Meadows, D. L. Meadows, et J. Randers, Les limites à la croissance (dans un monde fini) − Le rapport Meadows, 30 ans après. Rue de l’échiquier, 2012.

[18] S. Latouche, « Pour une société de décroissance », Le Monde diplomatique. 2003. https://www.monde-diplomatique.fr/2003/11/LATOUCHE/10651

[19] S. Latouche, « La décroissance ou le sens des limites », Le Monde diplomatique. 2016. https://www.monde-diplomatique.fr/publications/manuel_d_economie_critique/a57054

[20] P. Rabhi, « Changer tout ... ». 2012. http://jdm.eklablog.fr/changer-tout-a102402325?noajax&mobile=1

[21] Odoxa, « Le progrès : Regard des Français & des Européens - Étude Odoxa pour la commission innovation du MEDEF ». 2020. http://www.odoxa.fr/wp-content/uploads/2021/02/Odoxa-Commission-Innovation-Medef-Le-progres-3.pdf

[22] Odoxa-MEDEF, « Le rapport au progrès : Regard des Français et comparatif européen (sens, valeur, adhésion, partage et diffusion) ». 2020. https://www.medef.com/uploads/media/default/0019/96/13294-progres-synthese-actualisee-post-covid-sondage-medef.pdf

[23] Odoxa, « Les Français, plus « écolos » que jamais », Odoxa. 2019. https://www.odoxa.fr/sondage/barometre-economique-doctobre-francais-plus-ecolos-jamais/

[24] IFOP, « [INFOGRAPHIE] “Oui” à la sobriété mais “non” à la décroissance », IFOP. 2023. https://www.ifop.com/publication/infographie-oui-a-la-sobriete-mais-non-a-la-decroissance/

[25] Ministère de l’Intérieur, « Publication des candidatures et des résultats aux élections - Législatives 2024 ». 2024. https://www.archives-resultats-elections.interieur.gouv.fr/resultats/legislatives2024/ensemble_geographique/44/88/8802/index.php

[26] « Législatives 2024 : Résultats et Communiqués », Décroissance Elections. https://www.decroissance-elections.fr/legislatives-2024-resultats-et-communiques

[27] Rédaction Public Sénat, « Européennes 2024 : les résultats par liste et les projections en sièges », Public Sénat. https://www.publicsenat.fr/actualites/politique/europeennes-2024-suivez-tous-les-resultats-en-temps-reel

[28] J. Grandin de l’Eprevier, « Décroissance: le grand embarras des Verts », l’Opinion. 2021. https://www.lopinion.fr/economie/decroissance-le-grand-embarras-des-verts

[29] « Primaire présidentielle française de l’écologie de 2021 », Wikipédia. https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Primaire_pr%C3%A9sidentielle_fran%C3%A7aise_de_l%27%C3%A9cologie_de_2021&oldid=212651861

[30] Académie des sciences, Trajectoire de nos sociétés - Jean-Baptiste Fressoz, (2024). https://www.youtube.com/watch?v=PDftwPhO-zU

[31] J.-O. Engler, M.-F. Kretschmer, J. Rathgens, J. A. Ament, T. Huth, et H. von Wehrden, « 15 years of degrowth research: A systematic review », Ecol. Econ., vol. 218, p. 108101, 2024. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0921800923003646

[32] I. Savin et J. van den Bergh, « Reviewing studies of degrowth: Are claims matched by data, methods and policy analysis? », Ecol. Econ., vol. 226, p. 108324, 2024. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0921800924002210

Conclusion

La décroissance est un concept finalement assez ancien, enrichi de décennies de réflexions, proposant une réduction transitoire, équitable et volontaire de la production-consommation pour arriver à une économie de la post-croissance, c’est-à-dire une économie délivrée de l’impératif de croissance et dont l’objectif est le contentement des besoins (soit, normalement, le but premier d’une économie, avant que celui-ci ne devienne l’extension continue des besoins et de leur monétisation), en tenant compte des limites planétaires.

D’après des sondages concordants, la décroissance n’est pas vue par l’opinion publique comme un concept réservé à quelques "écolos-bourgeois-extrémistes", mais bien comme une piste pertinente pour réaliser une "vraie transition écologique".

Cette vision plutôt positive de la décroissance ne se traduit toutefois nullement dans les consultations publiques : les scores des très rares candidats plaçant la décroissance au cœur de leur projet sont quasi nuls, et aucun frémissement ne se fait sentir au vu des résultats des dernières élections.

Dans le même temps, politiques, économistes, chefs d’entreprise et autres se relaient sans relâche dans les médias pour affirmer l’absolue nécessité de la croissance et fustiger le caractère déraisonnable, voire dangereux, de "l’idéologie de la décroissance". De plus, toutes les prospectives, politiques comme scientifiques, font de la croissance l’unique scénario envisageable pour l’avenir.

Dans ce contexte, la voie de la décroissance ressemble à une sombre impasse : aucun espace n’est laissé libre ne serait-ce qu’à un débat serein autour de ce concept, sans parler d’éventuelles mises en pratiques à titre expérimental.

En définitive, le scénario de la décroissance paraît donc très improbable. De quoi laisser le champ libre au grand découplage ou au grand effondrement, les deux autres scénarios préalablement disséqués ? Je vous livre mon opinion sur le futur de l’Anthropocène dans une synthèse à venir.

Henri Cuny